"Jammin' the blues" (1944)
- par Swing Mood
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- 18 janv., 2021
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Silence, on tourne.... ce court-métrage réalisé en 1944 par Gjon Mili sous l’impulsion de Norman Granz !

Ce court-métrage de dix minutes réalisé en 1944 par Gjon Mili sous l’impulsion de Norman Granz, célèbre impresario de jazz, est un document exceptionnel. En 1995, il fait son entrée dans le National Film Registry, sorte de panthéon du patrimoine cinématographique américain.
On retrouve dans cette séquence les plus grands artistes de jazz de l’époque : Lester Young, Illinois Jacquet, Jo Jones, Sidney “Big Sid” Catlett, Harry Edison...
Novateur dans sa manière de filmer le jazz et ses musiciens, ce petit film parvient à capturer l’essence d’une jam session. Le noir et blanc, les jeux de clair-obscur, les volutes de fumée de cigarette, on est immédiatement gagné par cette ambiance de bar confidentiel en sous-sol.
Le court-métrage se décompose en deux parties : la première est une introduction en douceur dans cette atmosphère intimiste empreinte de mélancolie. Le saxophone de Lester Young y résonne de manière touchante. Il est suivi par Harry Edison à la trompette. Chaque musicien est filmé individuellement, sous un angle et une lumière différente, ce qui donne l’impression que chacun joue seul, pour lui-même, dans un moment d’intimité. On est ensuite transporté par la voix enveloppante de Marie Bryant et son “Sunny side of the street” dans lequel on ressent la sublime résilience de tout un peuple.
La transition vers la deuxième partie est assurée par la batterie de Big Sid dont les baguettes passent symboliquement entre les mains de Jo Jones qui relance la musique sur un nouveau tempo. Cette “passation” introduit un changement de fréquence : la douce mélancolie laisse place à un swing vif mais profond. La tonalité est certes plus festive (Marie Bryant réapparaît en Lindy Hoppeuse débridée accompagnée par Archie Savage - qui porte bien son nom) mais le son garde toute son épaisseur. Lester Young, Barney Kessel, Illinois Jacquet, Marlow Moris... Les solos se succèdent et chacun apporte une couche supplémentaire d’intensité.
Puis c’est la fin ! Les dix minutes passent aussi vite qu’un rêve... et on en redemande !